11 mars 2011
Photos Tom Core
Texte Max-Antoine Guérin
Vous vouliez du Rock Sexy, en V'la !
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai couvert la prestation musicale de deux groupes nouvellement formés, « Rock Sexy » et « Les V'la ». Bien qu'au début, quand l'adorable tenancière de l'établissement m'a brossé le portrait du groupe que l'on attendait ce soir-là, je ne savais pas trop quoi penser. Je le confesse, j'ai peut être même fait preuve, pendant un instant, moi qui condamne cette pratique, d'un soupçon d’âgisme. Je voyais une clientèle nombreuse, nouvelle et (relativement) jeune s'installer dans la salle. Peut-être avais-je perdu pied, dé-territorialisé que j'étais dans mes habitudes, j'attendais.
Mais quand le premier des deux groupes a littéralement pris les spectateurs en otage avec un rock énergique aux accents « brittish », toute anxiété en moi s'est dissipée. J'ai commandé un scotch et comme on le dirait en syntaxe Yoda : « Envahi par la surprise la plus totale, j'étais ». Le chanteur de « Rock Sexy » avait quelque chose de spécial dans l'étrange sensualité de ses mouvements, provocateurs et spasmodiques, quelque chose d'irréel, ce qui lui donnait une excellente présence sur scène, appuyée par une gestuelle variée et un charisme certain. C'est simple, il avait l'aura d'un rockeur, le naturel malgré sa jeunesse. L'ayant observé avant qu'il ne commençât le spectacle, je peux vous dire que rien ne laissait figurer la bête de scène qui sommeillait en lui. Et pourtant.
Ensuite, le groupe dont on m'avait parlé, au nom quelque peu étrange mais quand même un petit bijou de mnémotechnique, et j'ai nommé « Les V'la », a fait son entrée sur scène. La salle était déjà chauffée à bloc, le public était dense, faisant face aux trois jeunes hommes du band comme un rempart humain. Les performances qu'ont livrés les trois membres du groupe m'ont tout simplement soufflé.
Bien que l'on reconnaisse assez facilement une filiation avec certains groupes actuels ou récents du paysage musical québécois, l'énergie et la rigueur avec laquelle ils ont présenté au public leurs morceaux était parfaite. Ça fonctionnait. On n'aurait pas pu dire pourquoi, mettre le doigt sur ce je-ne-sais-quoi. Mais ça fonctionnait. La voix du chanteur, que j'avais rencontré en entrevue avant le spectacle, se déliait naturellement sur scène, atteignant des paroxysmes de fougue à la manière d'un Dédé Fortin.
La « vibe » était excellente, il faut admettre, la musique s'inspirant de groupes tels que Mononc Serge ou Jean Leloup du côté québécois ou de Rage Against the Machine et Radiohead du côté anglophone. On peut sentir que leur style est en train d'émerger du fond de leurs influences. Leur signature est de plus en plus perceptibles dans leurs dernières pièces. La formation me confiait aussi être en voie d'enregistrer leur premier album.
Le groupe, formé en 2010 par trois étudiants du Collège d'Alma en musique, Adam Gilbert (bass et voix), Marc Landry (guitare et compositeur) et Pascal Gagnon-Gilbert (à la batterie), tout trois issus de la région 02. En plus de leurs compositions personnelles humoristiques et rafraichissante, ils ont présenté au public des « covers » du groupe québécois mythique Les Colocs ainsi que des Dales Hawerchuck.
Comme me le confiait après le spectacle l'incurable mélomane Tom Core, sans que cela n'enlève rien aux nombreux groupes et musiciens de qualité qui ont défilés pendant tout ces vendredis d'euphorie, il s'agissait là de l'un des meilleurs spectacles auquel il avait assisté au Bar à Pitons cette année. « Et V'lan » dans les dents, vous les habitués qui, larrons comme moi mais ne s'étant pas rétracté avant qu'il ne soit trop tard, vous, les habitués qui n'y étaient pas ce soir là. Pour que vous sachiez (ô couteau tournant dans votre plaie) ce que vous avez manqué.
Mais ne vous en faites pas, avec le naturel de ces jeunes doués ayant toujours baigné dans culture musicale combiné avec la rigueur de leur éducation dans ce domaine, ils ne tireront pas leur révérence de sitôt, vous aurez de multiples occasions de les revoir. D'ailleurs, aussitôt formé, ayant à peine cinq compositions pas encore vraiment « rodés » à leur actif, Les V'la ont pris la route d'assaut, faisant eux-même leur promotion dans toute la région. Il n'y a pas de secret sinon l'audace et la persévérance. En moins d'un an, une douzaine de composition plus tard, ils ont donnée près de trente spectacles servi avec cette recette bien particulière, une sauce savoureuse, à la fois fois traditionnelle et innovante, la fameuse recette du « punk-rock du lac ». N'en déplaisent aux gérontocrates, les jeunes, même dans la prime vingtaine, n'ont pas froid aux yeux. .. --------------------